Wednesday, 16 August 2023

Les PJ et les langues

Jusqu’en 1891, les langues vivantes étrangères n’étaient pas enseignées avant le baccalauréat : seuls le latin et le grec étaient dignes d’être enseignés aux futurs bacheliers, et étaient même des matières obligatoires.

Les PJ de Maléfices ayant généralement entre 20 et 40 ans en 1900, ils n’auront donc, sauf circonstances exceptionnelles à expliciter dans leur background, aucune connaissance en langue vivante autre que le français. En revanche, tout personnage issu d’une classe supérieure et avec un bon score de Culture Générale sera censé lire le latin et le grec − c’est bien pratique dans un jeu basé sur des enquêtes ésotériques. Mais de grâce oubliez l’anglais, l’allemand, l’italien ou l’espagnol !

Alors, bien sûr, comme la langue française est encore en 1900 la langue véhiculaire des élites (en gros, l’aristocratie, les gens fortunés et les diplomates), nos enquêteurs ne seront pas trop entravés à l’étranger dès lors qu’ils ne s’adresseront pas aux gens du bas peuple.

En parlant de bas peuple... en France même, en-dehors des provinces d’oïl, les classes inférieures ne parlent guère le français, uniquement la langue régionale du coin.

Friday, 11 August 2023

Noms de famille de la Belle Époque − Auvergne

Contrairement aux Bretons, les Auvergnats « montés » à Paris s’enrichissent dans divers commerces dont notamment les fameux commerces du bois et du charbon, mais aussi dans les spiritueux et l’hôtellerie. Ainsi, pour nommer vos petits bourgeois, vos cafetiers, voire des gros bras pour des partis de droite, piochez dans la liste suivante :

1. Martin

2. Faure

3. Roche

4. Roux

5. Boyer

6. Brun

7. Bonnet

8. Giraud

9. Bernard

10. Dumas

11. Fournier

12. Robert

13. Laurent

14. Vidal

15. Chevalier

16. Blanc

17. Michel

18. Arnaud

19. Serre

20. Besson

21. Sabatier

22. Soulier

23. Bertrand

24. Jouve

25. Mathieu

26. Chambon

27. Verdier

28. Thomas

29. Gauthier

30. Mallet

Noms de famille de la Belle Époque − Bretagne

Nous avons vu dans un précédent billet que le lumpenprolétariat parisien était essentiellement constitué d’immigrants bretons arrivés à Paris sans le sou et acceptant les travaux les plus humbles. Pour donner à vos mendiants ou indics de Police des noms plus crédibles, je vous suggère de vous référer à la liste suivante, qui donne les noms de famille bretons les plus fréquents en 1900 :

1. Le Gall

2. Le Roux

3. Le Goff

4. Thomas

5. Tanguy

6. Guillou

7. Morvan

8. Martin

9. Hervé

10. Hamon

11. Simon

12. Lucas

13. Nicolas

14. Riou

15. Le Corre

16. Prigent

17. Ollivier

18. Guéguen

19. Daniel

20. Salaün

21. Bernard

22. Rolland

23. Mahé

24. Le Bihan

25. Péron

26. Le Berre

27. Gautier

28. Briand

29. Le Borgne

30. Le Guen

Noms de famille de la Belle Époque − Île-de-France

Le billet précédent concerne la France dans son intégralité. À cette époque-là, on se déplaçait encore relativement peu (même si le chemin de fer était en train de chambouler tout cela), et les fréquences des noms de famille dépendaient énormément des lieux.

Pour l’Île-de-France (là où se déroulent la plupart des aventures publiées pour le jeu Maléfices), les noms de famille les plus portés en 1900 sont les suivants :

1. Martin

2. Petit

3. Moreau

4. Dubois

5. Thomas

6. Richard

7. Leroy

8. Lefèvre

9. Bernard

10. Laurent

11. Durand

12. Simon

13. Robert

14. Rousseau

15. Lambert

16. Garnier

17. Fournier

18. Michel

19. Girard

20. Masson

21. Meunier

22. Legrand

23. Mercier

24. Guérin

25. David

26. Vincent

27. Bertrand

28. Duval

29. Henry

30. Marchand

Noms de famille de la Belle Époque

Les cinquante noms de famille français les plus portés en 1900 sont, par ordre décroissant de fréquence :

1. Martin

2. Bernard

3. Petit

4. Thomas

5. Durand

6. Richard

7. Robert

8. Moreau

9. Dubois

10. Laurent

11. Michel

12. Simon

13. Roux

14. Leroy

15. Lefebvre

16. Bertrand

17. Bonnet

18. Fournier

19. Blanc

20. Faure

21. David

22. Girard

23. Vincent

24. Morel

25. Lambert

26. Muller

27. Rousseau

28. Dupont

29. Mercier

30. André

31. Gauthier

32. Guérin

33. Garnier

34. Boyer

35. Lefèvre

36. Perrin

37. Mathieu

38. Chevalier

39. Robin

40. Fontaine

41. Legrand

42. François

43. Clément

44. Nicolas

45. Giraud

46. Meyer

47. Marchand

48. Brun

49. Masson

50. Morin

Thursday, 22 June 2023

Exposition sur les bijoux de la Belle Époque

Après l’exposition dédiée à l’œuvre de l’artiste visionnaire tchèque Mucha, voici encore une exposition sur l’héritage artistique et esthétique de la Belle Époque.

L’École des Arts Joailliers (sise dans le 1er arrondissement de Paris et inaugurée en 2012) présente du 2 juin au 30 septembre 2023 une exposition : « Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, 1880-1914 », qui illustre la place occupée par les bijoux à la Belle Époque à travers une vaste sélection de pièces. Et, cerise sur le gâteau, l’exposition est gratuite — il faut juste s’être inscrit à l’avance !

Monday, 19 June 2023

L’Indochine française et le Yunnan

Comme je l’ai déjà indiqué dans un autre billet, Maléfices apparaît comme un jeu relativement parigo-centré. Pour des raisons indépendantes de ma volonté et dues aux développements des dernières aventures de mes joueurs (cf. les résumés ci-contre), je suis contraint de m’intéresser à la situation de l’Indochine française à la Belle Époque. Voici donc une brève notice.

L’Indochine française

Rappelons tout d’abord que l’Indochine française comporte une seule colonie (la Cochinchine), quatre protectorats : Annam, Tonkin, Cambodge et Laos, et un territoire à bail : la base navale de Kouang-Tchéou-Wan dans l’extrême-sud de la Chine (que la France rêve de transformer en un nouveau Hong Kong).

L’histoire de l’Indochine française à la Belle Époque est émaillée de plusieurs incidents politiques. 

La guerre franco-chinoise, qui dure de septembre 1881 à juin 1885, est censée opposer les deux pays au sujet de la suzeraineté sur l’Annam et le Tonkin mais — en réalité — elle est déclenchée par la France pour le contrôle du cours supérieur du fleuve Rouge, artère commerciale entre l’Indochine et la Chine. Bien que la France soit au final victorieuse dans cette guerre, la retraite peu glorieuse de Lạng Sơn provoque la « crise du Tonkin » qui fait chuter le gouvernement de Jules Ferry en mars 1885 et qui met fin à la carrière politique de ce dernier.

Entre 1885 et 1896, l’Annam et le Tonkin, bien que définitivement conquis, sont en rébellion ouverte contre les Français et les Vietnamiens convertis au catholicisme. Cependant la cour impériale se rallie à la France, puis la Chine se rapproche de la France au moment de la guerre sino-japonaise de 1894, privant les rebelles de leur base arrière.

L’ambitieux Paul Doumer est nommé gouverneur général de l’Indochine française en février 1897. Il reprend vite en main ce territoire endetté, centralise son administration éparpillée, et affaiblit le pouvoir impérial de la dynastie Nguyễn censée régner sur la partie vietnamienne de l’Indochine française. Il met en place des taxes sur divers produits de première nécessité qui appauvrissent les indigènes et certains colons mais rétablissent le budget du territoire endetté, ce qui lui permet de lancer de grands travaux publics, principalement au Tonkin et tout particulièrement des chemins de fer (cf. ci-dessous). En 1902, la capitale de l’Indochine française est transférée de la Cochinchine au Tonkin. Ce transfert de la capitale du sud au nord n’est pas innocent : Paul Doumer est partisan d’une colonisation de la Chine par la France mais agit de son propre chef sans en informer Paris. La première étape de son projet est censée être l’annexion de la prospère province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine. Cependant ses agissements entre 1899 (déplacement de Doumer auprès du vice-roi du Yunnan, suivi d’un soulèvement anti-français des mineurs d’étain de cette province) et 1901 (gestion des troupes coloniales en fonction anti-chinoise, en opposition avec la hiérarchie militaire) sont probablement la cause de son retour en métropole en 1902.

C’est également de l’Indochine française que partent les missions catholiques dans l’extrême-est du Tibet, via le Yunnan. Leur agitation anti-bouddhiste est la cause de la révolte tibétaine de 1905-1906 qui a pour conséquence le renforcement de la présence chinoise dans la région.

Le Yunnan

Auguste Pavie explore le cours du Mékong (« mission Pavie » 1889-1890). Le but de cette mission est de cartographier précisément la haute vallée du Mékong, prélude à la construction des « Chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan » (1904-1910), cette voie étant nécessaire à l’exportation des marchandises françaises et indochinoises vers la Chine et à l’exploitation des matières premières du Yunnan par des sociétés françaises. Ce projet est considéré comme prioritaire par Paul Doumer ; la Compagnie française des chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan est constituée en 1901.

À noter qu’Auguste Pavie est partisan d’une colonisation pacifique et respectueuse des coutumes locales. Il s’oppose ainsi — indirectement, car il est à Paris lorsque Doumer est en Indochine — à la politique du gouverneur général.

Auguste François, installé à Yun-Nan-Fou, la capitale du Yunnan, de 1899 à 1904 en tant que consul général et délégué au chemin de fer (directement rattaché au Ministère des affaires étrangères) s’oppose lui aussi résolument aux visées expansionnistes de Paul Doumer et évite ainsi un nouveau conflit entre la France et la Chine.


carte établie par la mission Pavie



Inspiration vestimentaire

Nous sommes allés voir l’ expo Paul Poiret au Musée des Arts décoratifs et franchement ça donne envie d’incarner des personnages féminins…...