Monday 30 January 2023

La population parisienne

Paris connaît une croissance démographique formidable au cours du XIXe siècle, principalement due à l’arrivée de migrants intérieurs comme extérieurs, ouvriers, domestiques, ou petits artisans, concentrés dans les quartiers du nord, de l’est et du sud de la capitale. Les travaux d’Haussmann ont fait disparaître les taudis du centre-ville, reléguant les prolétaires sans les quartiers périphériques.

L’embourgeoisement de Paris est net à partir de 1906, avec une population ouvrière qui se déplace vers les communes du département de la Seine.

La criminalité est bien moindre de ce qui transpire des feuilletons de l’époque ou de la presse à sensation. La plupart des personnes arrêtées le sont pour vagabondage et non pour des crimes ou des délits. On recense à peine plus d’une exécution capitale par an. Les bandes de voyous sont géographiquement limitées à Belleville et à La Villette.

Il y a davantage de décès que de naissances à Paris, et la population ne se maintient que grâce à l’afflux des Provinciaux. Autrefois, la plupart de ces Provinciaux provenaient des régions limitrophes de Paris : Bourgogne, Normandie, Picardie. Mais depuis qu’il y a le chemin de fer, de « nouveaux » Provinciaux ont fait leur apparition.

Parmi les Provinciaux « récents », les plus nombreux sont les Auvergnats, commerçants ou artisans, soutiens du boulangisme, qui habitent en général à l’orée du faubourg Saint-Antoine, ainsi que les Bretons, très catholiques, qui habitent près de la gare Montparnasse, et qui occupent le bas de l’échelle sociale sans parvenir à s’intégrer.

Paris est également la ville la plus cosmopolite d’Europe (75 étrangers pour 1000 habitants). Les étrangers sont surtout Allemands* (brasseurs, boulangers, charcutiers), Belges (cordonniers), Italiens (ouvriers) et Suisses (domestiques).

*ce qui, en 1900, inclut les Alsaciens et les Lorrains thiois

La police parisienne

Le préfet Lépine
dans la série
Paris Police 1900
À l’époque qui nous intéresse, il n’existe pas encore de Police nationale (elle est créée en 1966), et la police parisienne ne répond qu’au célèbre préfet de police Louis Lépine, lui-même soumis aux décisions du Conseil municipal.

La police parisienne est divisée en de nombreux services.

Le corps des gardiens de la paix, dotés d’uniformes, patrouille à pied dans les quartiers parisiens et est censé maintenir l’ordre public. La plupart des gardiens de la paix sont d’anciens militaires. Il existe également des gardiens de la paix patrouillant à bicyclette, surnommés les « hirondelles ».
Les agents de police chargés de la circulation sont munis de sifflets.

Le Service de la Sûreté : sa tâche est la recherche des malfaiteurs. Ses membres sont également recrutés parmi les anciens militaires. La Brigade des Mœurs, à la réputation exécrable, fait partie de ce service.

Le Service d’Identité Judiciaire d’Alphonse Bertillon crée les fiches anthropométriques, complétées ensuite par les célèbres photographies de face et de profil. La dactyloscopie (observation des empreintes digitales) n’est introduite qu’en 1903. C’est un peu l’ancêtre de la police scientifique.

La Brigade des Garnis surveille les hôtels et les maisons meublées : les inspecteurs des garnis relèvent les noms des voyageurs et des locataires sur les registres. Ces inspecteurs sont souvent âgés et proviennent d’autres services dans lesquels leur âge les empêcherait d’assurer pleinement leurs fonctions.

Les Brigades de Recherche. Malgré leur nom, leur rôle est principalement de surveiller les étrangers, les jeux clandestins, les réunions politiques, bref toutes les personnes et tous les lieux à même de susciter des troubles de l’ordre public.

Cela peut nous paraître incroyable à nous Parisien·ne·s du XXIe siècle, mais aucun de ces agents n’est armé ! Seuls les inspecteurs peuvent éventuellement être armés, à condition qu’il s’agisse d’une arme personnelle, achetée à leurs frais.

Friday 6 January 2023

Le tramway funiculaire de Belleville

Après le billet sur le métro parisien, il m’a paru indispensable de parler du tramway funiculaire de Belleville, l’ancêtre de la ligne 11 actuelle du métro parisien.

De 1891 à 1924, le tramway funiculaire de Belleville (de conception semblable à celle du célèbre cable car de San Francisco, c’est-à-dire à traction par câble) a relié la place de la République à l’église Saint-Jean-Baptiste de Belleville, à mi-hauteur de la colline de Belleville. Le tramway funiculaire est géré par la Compagnie du funiculaire de Belleville.

Belleville étant densément peuplé mais mal desservi par les omnibus à chevaux, le tramway funiculaire de Belleville est très prisé des habitants de la colline et transporte plusieurs millions de passagers par an.

Dans le langage populaire, cette ligne est appelée le « funi ». Un billet coûte 10 centimes (contre les 15 du billet de métro).

Paradoxe

  Je suis en train de lire l’excellentissime ouvrage La Belle Époque de Michel Winock (bon, c’est la toute première référence bibliographiq...