Lyon

Allan Kardec

C’est étrange que le jeu Maléfices soit à ce point parigo-centré : d’une part, Lyon a la réputation, en Europe, d’être une ville magique (c’est un des trois sommets du « triangle de la magie blanche » avec Prague et Turin) ; d’autre part Allan Kardec, le fondateur du spiritisme contemporain, était lyonnais.

Par ailleurs, Lyon compte une longue tradition occulte puisque le grenoblois Cornelius Agrippa y a pratiqué l’astrologie, le sicilien Cagliostro la sorcellerie, et le Comte de Saint-Germain l’alchimie.

En outre, Lyon était depuis le XVIIIe siècle le centre français de la franc-maçonnerie : le fabricant d’étoffes de soie Jean-Baptiste Willermoz y avait créé la loge du Rite écossais rectifié, et le mystérieux thaumaturge Joachim Martinès de Pasqually y avait fondé l’ordre des Chevaliers maçons Élus Coëns de l’univers (un ordre ésotérique mélangeant allègrement doctrines chrétiennes et maçonniques). Cagliostro, toujours lui, y avait fondé la loge maçonnique « la sagesse triomphante » prétendument selon les préceptes de la Haute Maçonnerie égyptienne.

Autre particularité de Lyon à la période qui nous intéresse : là où le spiritisme parisien attire surtout les personnes aisées, le spiritisme lyonnais se répand principalement auprès des canuts (les ouvriers de l’industrie textile), et la bonne bourgeoise catholique et réactionnaire regarde le mouvement spirite d’un œil inquiet, les révoltes des Canuts (des années 1830 et 1840) étant un souvenir encore vif.