Thursday 12 October 2023

Paradoxe

 

Je suis en train de lire l’excellentissime ouvrage La Belle Époque de Michel Winock (bon, c’est la toute première référence bibliographique en p348 des règles de Maléfices) et, franchement, un supplément de contexte de jeu de rôle de cette qualité pour seulement 11 euros, ça vaut vraiment le coup. Zéro excuse si vous ne l’achetez pas.

Si vous, en tant que MJ ou joueur·se, cherchez une info sur les classes sociales, le rôle des femmes, l’évolution des opinions politiques et de la pratique religieuse, la vie économique, les inventions, la presse quotidienne, les romans les plus populaires, etc. à la Belle Époque, tout est là !

Cependant le début du chapitre sur la culture, que je me permets de reproduire en partie ici, a suscité en moi une interrogation, vous allez voir pourquoi.

La culture populaire est fondée sur l’oralité, le rituel, les cérémonies agraires, les proverbes, les chansons, l’astrologie, le culte des saints locaux, etc. Cette culture, en voie de folklorisation, reste encore vivante dans les zones rurales, où guérisseurs et sorciers font parfois de meilleures recettes que les médecins de campagne.

Donc : c’est dans les zones rurales qu’il y a des guérisseurs et des sorciers mais... toutes les aventures publiées pour Maléfices se passent à Paris — au cœur de la culture élitaire du pays. Une fois de plus, j’ai grand mal à comprendre le parigocentrisme du jeu... n’est-ce pas paradoxal ?

Sunday 3 September 2023

La République des faibles

La République des faibles, de Gwenaël Bulteau, est un excellent polar qui vous plongera dans les quartiers populaires et les commissariats du Lyon de 1898, et peut donc servir de cadre de campagne à une escapade lyonnaise pour une meneuse de Maléfices et ses joueurs.

Les descriptions de la vie des prolos à la Belle Époque sont saisissantes mais surtout très variées : il y a le travail dans les usines et les ateliers dont le bruit envahit tous les quartiers, mais aussi celui qu’on rapporte à la maison pour se faire quelque argent en sus, sans oublier la prostitution occasionnelle, à tout âge et en tout lieu... et puis les loisirs : la pêche dans la Saône, les cabarets, les débits de boisson, tout cela baignant dans une germanophobie hystérique et un antisémitisme omniprésent.

Au milieu de tout cela, des flics à peine moins pauvres que les prolos qu’ils surveillent, et appâtés par les mêmes tentations : les filles faciles, le coup de poing sur les quais, les affaires réglées au surin plutôt qu’avec la paperasse. Comme la plupart des policiers de l’époque, ce sont d’anciens militaires et ils gardent de plus ou moins bons souvenirs de leur service militaire...

Bref, outre qu’il vous tiendra en haleine jusqu’au bout, ce polar vous fournira cadre et PNJ inoubliables pour une enquête au cœur de Lyon !

Friday 18 August 2023

la politique à la Belle Époque

Nous, Européens du XXIe siècle, sommes convaincus que l’opposition droite−gauche est une sorte d’horizon indépassable de l’antagonisme politique. La situation était pourtant relativement différente, surtout dans le domaine parlementaire, à l’époque qui nous intéresse.

Jusque dans les années 1870, les électeurs (rappelons tout de même que seuls les hommes ont le droit de vote) se partagent entre monarchistes de diverses obédiences et républicains. Cependant la crise du 16 mai 1877 finit de décrédibiliser le monarchisme (même s’il continuera à y avoir des élus monarchistes), et l’antagonisme politique et électoral se déplace entre tenants d’un républicanisme anticlérical et/ou social et républicains modérés (c’est-à-dire nationalistes et conservateurs). Après la brève fièvre du boulangisme (1885-1889), c’est entre dreyfusards et antidreyfusards que se creuse l’opposition majeure (1894-1906), cf. p.20-23 des règles de Maléfices.

N’oublions pas non plus que, dans un pays dépourvu de moyens de transport et de communication rapides, les élections se font le plus souvent sur des enjeux locaux et ce n’est qu'une fois « montés à Paris » que députés et sénateurs choisissent dans quel groupe parlementaire ils vont siéger : en effet, il n’y a pas de véritable parti politique (avec des cotisants, des fédérations départementales, des congrès...) avant 1901, lorsqu’apparaît l’Alliance républicaine démocratique, laïque de centre-droit. Elle est suivie en 1902 par l’Action libérale populaire, également de centre-droit (mais catholique), puis en 1903 par la Fédération républicaine, de droite mais favorable au droit de vote des femmes. Ce n’est qu’en 1905 que naît un parti de gauche, la Section française de l’Internationale ouvrière. Voir aussi le résumé sur les partis politiques p.25 des règles de Maléfices.

C’est que les extrêmes agissent plutôt en-dehors du système parlementaire... ainsi le Parti radical, synonyme de sénateur vieillissant de nos jours, était à son origine, en 1901, un mouvement d’extrême-gauche. De même, bien que moins puissants qu’au XIXe siècle, les anarchistes sont toujours actifs au sein du mouvement ouvrier. À l’opposé, on trouve diverses ligues nationalistes (monarchistes ou républicaines) et antisémites.

Ce n’est qu’après l’adoption de la Loi de séparation des Églises et de l’État, en décembre 1905, que le combat politique vient à nouveau se situer sur l’axe gauche−droite.

Wednesday 16 August 2023

Les PJ et les langues

Jusqu’en 1891, les langues vivantes étrangères n’étaient pas enseignées avant le baccalauréat : seuls le latin et le grec étaient dignes d’être enseignés aux futurs bacheliers, et étaient même des matières obligatoires.

Les PJ de Maléfices ayant généralement entre 20 et 40 ans en 1900, ils n’auront donc, sauf circonstances exceptionnelles à expliciter dans leur background, aucune connaissance en langue vivante autre que le français. En revanche, tout personnage issu d’une classe supérieure et avec un bon score de Culture Générale sera censé lire le latin et le grec − c’est bien pratique dans un jeu basé sur des enquêtes ésotériques. Mais de grâce oubliez l’anglais, l’allemand, l’italien ou l’espagnol !

Alors, bien sûr, comme la langue française est encore en 1900 la langue véhiculaire des élites (en gros, l’aristocratie, les gens fortunés et les diplomates), nos enquêteurs ne seront pas trop entravés à l’étranger dès lors qu’ils ne s’adresseront pas aux gens du bas peuple.

En parlant de bas peuple... en France même, en-dehors des provinces d’oïl, les classes inférieures ne parlent guère le français, uniquement la langue régionale du coin.

Friday 11 August 2023

Noms de famille de la Belle Époque − Auvergne

Contrairement aux Bretons, les Auvergnats « montés » à Paris s’enrichissent dans divers commerces dont notamment les fameux commerces du bois et du charbon, mais aussi dans les spiritueux et l’hôtellerie. Ainsi, pour nommer vos petits bourgeois, vos cafetiers, voire des gros bras pour des partis de droite, piochez dans la liste suivante :

1. Martin

2. Faure

3. Roche

4. Roux

5. Boyer

6. Brun

7. Bonnet

8. Giraud

9. Bernard

10. Dumas

11. Fournier

12. Robert

13. Laurent

14. Vidal

15. Chevalier

16. Blanc

17. Michel

18. Arnaud

19. Serre

20. Besson

21. Sabatier

22. Soulier

23. Bertrand

24. Jouve

25. Mathieu

26. Chambon

27. Verdier

28. Thomas

29. Gauthier

30. Mallet

Noms de famille de la Belle Époque − Bretagne

Nous avons vu dans un précédent billet que le lumpenprolétariat parisien était essentiellement constitué d’immigrants bretons arrivés à Paris sans le sou et acceptant les travaux les plus humbles. Pour donner à vos mendiants ou indics de Police des noms plus crédibles, je vous suggère de vous référer à la liste suivante, qui donne les noms de famille bretons les plus fréquents en 1900 :

1. Le Gall

2. Le Roux

3. Le Goff

4. Thomas

5. Tanguy

6. Guillou

7. Morvan

8. Martin

9. Hervé

10. Hamon

11. Simon

12. Lucas

13. Nicolas

14. Riou

15. Le Corre

16. Prigent

17. Ollivier

18. Guéguen

19. Daniel

20. Salaün

21. Bernard

22. Rolland

23. Mahé

24. Le Bihan

25. Péron

26. Le Berre

27. Gautier

28. Briand

29. Le Borgne

30. Le Guen

Noms de famille de la Belle Époque − Île-de-France

Le billet précédent concerne la France dans son intégralité. À cette époque-là, on se déplaçait encore relativement peu (même si le chemin de fer était en train de chambouler tout cela), et les fréquences des noms de famille dépendaient énormément des lieux.

Pour l’Île-de-France (là où se déroulent la plupart des aventures publiées pour le jeu Maléfices), les noms de famille les plus portés en 1900 sont les suivants :

1. Martin

2. Petit

3. Moreau

4. Dubois

5. Thomas

6. Richard

7. Leroy

8. Lefèvre

9. Bernard

10. Laurent

11. Durand

12. Simon

13. Robert

14. Rousseau

15. Lambert

16. Garnier

17. Fournier

18. Michel

19. Girard

20. Masson

21. Meunier

22. Legrand

23. Mercier

24. Guérin

25. David

26. Vincent

27. Bertrand

28. Duval

29. Henry

30. Marchand

Paradoxe

  Je suis en train de lire l’excellentissime ouvrage La Belle Époque de Michel Winock (bon, c’est la toute première référence bibliographiq...