Friday, 29 November 2024

Véhicules inhabituels - la Jamais-Contente

La transition automobile thermique−électrique est au cœur de nos préoccupations contemporaines, ce qui pourrait nous faire croire que la voiture électrique est une invention du XXIe siècle. Que nenni ! figurez-vous que, entre 1900 et 1910, un tiers des voitures vendues aux États-Unis sont des véhicules électriques.

Le véhicule dont il est question dans ce billet n’est pas une voiture produite en série, mais un prototype fabriqué par l’ingénieur belge Camille Jenatzy en 1899. Construite en forme de torpille, la « Jamais-Contente » peut atteindre la vitesse folle (pour l’époque) de 120 km/h.

Un MJ peut l’introduire dans une partie de Maléfices comme une sorte d’arme secrète pour le « méchant » du scénario ou, a contrario, comme un gadget dont peuvent profiter les PJ.

Véhicules inhabituels - la Scotte Vapeur

On a souvent du mal à se projeter plus de 120 ans en arrière, quand on joue à Maléfices, et à s’imaginer les rues de Paris encombrées de véhicules hippomobiles (et jonchées du crottin qui va avec) avec, de-ci de-là, quelques véhicules automobiles, souvent des prototypes ou des séries limitées, loin des voitures fabriquées à des centaines de milliers d’exemplaires auxquelles nous sommes [hélas] habitué·e·s.

Un de ces véhicules inhabituels est la Scotte Vapeur de 1892, une automobile à vapeur fabriquée à Lyon, qui peut accueillir 6 passagers et atteindre une vitesse maximale de 12 km/h.


une Scotte dans un musée


Saturday, 17 August 2024

La naissance des grands magasins - mode, design, jouets, publicité, 1852-1925

La naissance des grands magasins - mode, design, jouets, publicité, 1852-1925 est une exposition que vous pouvez aller visiter actuellement (et jusqu’au 13 octobre) au Musée des Arts Décoratifs, 107, rue de Rivoli [dans une aile séparée du Louvre, en fait].

La visite est conseillée à tout joueur de Maléfices et, à mon avis, devrait carrément être obligatoire pour les MJ. En effet, en visitant l’exposition, on se rend compte à quel point les grands magasins parisiens ont révolutionné puis influencé et guidé la vie des bourgeois parisiens entre la fin du Second Empire et les années 1910−1920. Et, on ne va pas se mentir, la plupart des PJ de Maléfices sont des bourgeois parisiens.

Et même si l’on observe la société depuis ses classes les plus humbles, de nombreux progrès ont vu le jour au sein des grands magasins : logement social pour les employé·e·s, protection sociale et prévoyance, œuvres sociales. Parallèlement, des unions sportives se multiplient au sein des grands magasins, ainsi que des harmonies et des chorales.

Cependant ce système reste empreint de paternalisme et, à partir de l’année 1900, les syndicats se développent et de nombreuses grèves sont organisées avec deux revendications principales : la journée de 12 heures et le repos dominical.

Le catalogue de l’exposition est une mine d’anecdotes et, surtout, d’illustrations d’époque pour le MJ.

Thursday, 12 October 2023

Paradoxe

 

Je suis en train de lire l’excellentissime ouvrage La Belle Époque de Michel Winock (bon, c’est la toute première référence bibliographique en p348 des règles de Maléfices) et, franchement, un supplément de contexte de jeu de rôle de cette qualité pour seulement 11 euros, ça vaut vraiment le coup. Zéro excuse si vous ne l’achetez pas.

Si vous, en tant que MJ ou joueur·se, cherchez une info sur les classes sociales, le rôle des femmes, l’évolution des opinions politiques et de la pratique religieuse, la vie économique, les inventions, la presse quotidienne, les romans les plus populaires, etc. à la Belle Époque, tout est là !

Cependant le début du chapitre sur la culture, que je me permets de reproduire en partie ici, a suscité en moi une interrogation, vous allez voir pourquoi.

La culture populaire est fondée sur l’oralité, le rituel, les cérémonies agraires, les proverbes, les chansons, l’astrologie, le culte des saints locaux, etc. Cette culture, en voie de folklorisation, reste encore vivante dans les zones rurales, où guérisseurs et sorciers font parfois de meilleures recettes que les médecins de campagne.

Donc : c’est dans les zones rurales qu’il y a des guérisseurs et des sorciers mais... toutes les aventures publiées pour Maléfices se passent à Paris — au cœur de la culture élitaire du pays. Une fois de plus, j’ai grand mal à comprendre le parigocentrisme du jeu... n’est-ce pas paradoxal ?

Sunday, 3 September 2023

La République des faibles

La République des faibles, de Gwenaël Bulteau, est un excellent polar qui vous plongera dans les quartiers populaires et les commissariats du Lyon de 1898, et peut donc servir de cadre de campagne à une escapade lyonnaise pour une meneuse de Maléfices et ses joueurs.

Les descriptions de la vie des prolos à la Belle Époque sont saisissantes mais surtout très variées : il y a le travail dans les usines et les ateliers dont le bruit envahit tous les quartiers, mais aussi celui qu’on rapporte à la maison pour se faire quelque argent en sus, sans oublier la prostitution occasionnelle, à tout âge et en tout lieu... et puis les loisirs : la pêche dans la Saône, les cabarets, les débits de boisson, tout cela baignant dans une germanophobie hystérique et un antisémitisme omniprésent.

Au milieu de tout cela, des flics à peine moins pauvres que les prolos qu’ils surveillent, et appâtés par les mêmes tentations : les filles faciles, le coup de poing sur les quais, les affaires réglées au surin plutôt qu’avec la paperasse. Comme la plupart des policiers de l’époque, ce sont d’anciens militaires et ils gardent de plus ou moins bons souvenirs de leur service militaire...

Bref, outre qu’il vous tiendra en haleine jusqu’au bout, ce polar vous fournira cadre et PNJ inoubliables pour une enquête au cœur de Lyon !

Friday, 18 August 2023

la politique à la Belle Époque

Nous, Européens du XXIe siècle, sommes convaincus que l’opposition droite−gauche est une sorte d’horizon indépassable de l’antagonisme politique. La situation était pourtant relativement différente, surtout dans le domaine parlementaire, à l’époque qui nous intéresse.

Jusque dans les années 1870, les électeurs (rappelons tout de même que seuls les hommes ont le droit de vote) se partagent entre monarchistes de diverses obédiences et républicains. Cependant la crise du 16 mai 1877 finit de décrédibiliser le monarchisme (même s’il continuera à y avoir des élus monarchistes), et l’antagonisme politique et électoral se déplace entre tenants d’un républicanisme anticlérical et/ou social et républicains modérés (c’est-à-dire nationalistes et conservateurs). Après la brève fièvre du boulangisme (1885-1889), c’est entre dreyfusards et antidreyfusards que se creuse l’opposition majeure (1894-1906), cf. p.20-23 des règles de Maléfices.

N’oublions pas non plus que, dans un pays dépourvu de moyens de transport et de communication rapides, les élections se font le plus souvent sur des enjeux locaux et ce n’est qu'une fois « montés à Paris » que députés et sénateurs choisissent dans quel groupe parlementaire ils vont siéger : en effet, il n’y a pas de véritable parti politique (avec des cotisants, des fédérations départementales, des congrès...) avant 1901, lorsqu’apparaît l’Alliance républicaine démocratique, laïque de centre-droit. Elle est suivie en 1902 par l’Action libérale populaire, également de centre-droit (mais catholique), puis en 1903 par la Fédération républicaine, de droite mais favorable au droit de vote des femmes. Ce n’est qu’en 1905 que naît un parti de gauche, la Section française de l’Internationale ouvrière. Voir aussi le résumé sur les partis politiques p.25 des règles de Maléfices.

C’est que les extrêmes agissent plutôt en-dehors du système parlementaire... ainsi le Parti radical, synonyme de sénateur vieillissant de nos jours, était à son origine, en 1901, un mouvement d’extrême-gauche. De même, bien que moins puissants qu’au XIXe siècle, les anarchistes sont toujours actifs au sein du mouvement ouvrier. À l’opposé, on trouve diverses ligues nationalistes (monarchistes ou républicaines) et antisémites.

Ce n’est qu’après l’adoption de la Loi de séparation des Églises et de l’État, en décembre 1905, que le combat politique vient à nouveau se situer sur l’axe gauche−droite.

Wednesday, 16 August 2023

Les PJ et les langues

Jusqu’en 1891, les langues vivantes étrangères n’étaient pas enseignées avant le baccalauréat : seuls le latin et le grec étaient dignes d’être enseignés aux futurs bacheliers, et étaient même des matières obligatoires.

Les PJ de Maléfices ayant généralement entre 20 et 40 ans en 1900, ils n’auront donc, sauf circonstances exceptionnelles à expliciter dans leur background, aucune connaissance en langue vivante autre que le français. En revanche, tout personnage issu d’une classe supérieure et avec un bon score de Culture Générale sera censé lire le latin et le grec − c’est bien pratique dans un jeu basé sur des enquêtes ésotériques. Mais de grâce oubliez l’anglais, l’allemand, l’italien ou l’espagnol !

Alors, bien sûr, comme la langue française est encore en 1900 la langue véhiculaire des élites (en gros, l’aristocratie, les gens fortunés et les diplomates), nos enquêteurs ne seront pas trop entravés à l’étranger dès lors qu’ils ne s’adresseront pas aux gens du bas peuple.

En parlant de bas peuple... en France même, en-dehors des provinces d’oïl, les classes inférieures ne parlent guère le français, uniquement la langue régionale du coin.

Véhicules inhabituels - la Jamais-Contente

La transition automobile thermique−électrique est au cœur de nos préoccupations contemporaines, ce qui pourrait nous faire croire que la voi...